Voici son texte de ce matin:


Deux autres

Richard Martineau
Journal de Montréal
23/08/2007 05h40

Je vais vous poser une question... Si deux pompiers mouraient dans un incendie, demain matin, arrêterait-on de combattre les feux ? Si deux policiers mouraient au cours d'une opération, demain soir, arrêterait-on de combattre le crime ?

Hier, deux autres soldats québécois ont perdu la vie en Afghanistan. C'est tragique, et toutes nos pensées accompagnent les familles des victimes.

Mais faut-il pour autant retirer nos troupes?

Une grande famille

Chaque fois qu'un de nos soldats perd la vie au combat, on ressent un malaise, une blessure. Comme si c'était l'un des nôtres qui avait mordu la poussière - un de nos frères, un de nos fils.

On se demande beaucoup, ces temps-ci, ce qui caractérise le peuple québécois. Je suggère une réponse: le sentiment d'appartenir à une grande famille.

Céline Dion n'est pas une mégastar internationale, c'est notre voisine, notre soeur, «l'une des nôtres». Idem pour Stéphane Rousseau, Denys Arcand ou Gregory Charles.

Chaque fois qu'un Québécois «score» sur la scène nationale, c'est toute la province qui vibre. Et chaque fois qu'un Québécois meurt à l'étranger, c'est toute la province qui pleure...

Comparativement aux autres habitants du Canada, les Québécois sont extrêmement émotifs.

C'est notre force, mais c'est aussi notre faiblesse.


À fleur de peau

Car l'émotion n'est pas toujours bonne conseillère. C'est bien beau, réagir au quart de tour et grimper dans les rideaux dès la moindre poussée d'adrénaline, mais il y a des questions qui méritent d'être abordées avec un certain recul. C'est le cas de la présence des troupes canadiennes en Afghanistan.

Si les États-Unis, l'Angleterre et le Canada avaient décidé de ne plus participer à la Deuxième Guerre mondiale, l'Europe serait encore en train de lécher les bottes des nazis.

C'est plate à dire, mais c'est ça. Comprenez-moi: je ne dis pas qu'on doit à tout prix garder nos troupes en Afghanistan.

Je dis que cette décision doit être prise froidement, rationnellement. Pas sur des bases émotives, mais sur des bases politiques, humanistes.

Les questions que nous devons nous poser sont à la fois simples et complexes: «Notre présence participe-t-elle au changement du cours des choses? Le jeu en vaut-il la chandelle ? La mission canadienne en Afghanistan aide-t-elle à rendre le monde plus sécuritaire, ou moins sécuritaire?»

Bref, sommes-nous en train d'éteindre l'incendie qui menace d'embraser le monde, ou sommes-nous au contraire en train de jeter de l'huile sur le feu?

C'est ça qui doit primer. Pas le fait que deux, trois ou quatre soldats québécois soient morts au combat.


Des questions aux médias


Ces questions, les médias doivent se les poser aussi. Pourquoi les télés sont-elles présentes dans les zones de guerre? Pour expliquer les grands enjeux à leurs auditeurs ou pour faire de bonnes images?

La guerre, c'est sérieux. Ce n'est ni un spectacle ni une émission de téléréalité.

Quel est le rôle premier des correspondants de guerre? Débusquer la vérité ou faire grimper les cotes d'écoute de leur station et participer à redorer le blason de leur employeur?

Les Québécois sont des êtres extrêmement émotifs, disais- je. Au cours des prochains jours, l'émotion, au Québec, sera à son comble.

Espérons que cela ne nous empêchera pas de regarder les choses froidement. Et de prendre une décision sur une base rationnelle, et non émotive.


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Vous en pensez quoi de ce texte?

Eh bien, je suis assez d'accord avec tout ce qu'il dit. C'est vrai qu'au Québec, les gens sont très émotifs. Ce qui porte à réfléchir, ce sont les 2 premières questions qu'il pose au tout début du texte. Il a vraiment raison. C'est comme ça que je vois ça aussi. Oui, les gars et les filles qui sont partis là-bas courrent de grands risques. Oui, ils peuvent y perdre la vie ou revenir complètement gaga. Mais, veut, veut pas, c'est leur job. Ils sont entrés dans l'armée en pleine conscience de ce qui pourrait un jour les attendre. Ils sont des soldats, et qui dit soldats, dit guerre. Faut pas oublier ça non plus! Là, avec les médias, aussitôt que ça pète en Afghanistan, tout est remis en question. Heille, tous nos vétérans qui sont allés se battre pendant la 1ère et la 2ème guerre mondiale, est-ce qu'à tous les coups qu'il y en avait un qui tombait au combat, ils se disaient: "Oh, on devrait revenir au Canada et les laisser s'arranger dans leur merde". Je ne pense pas.

Mon conjoint est militaire. Non, il n'est pas en Afghanistan et il ne semble pas qu'il y aille (malgré qu'on ne sait jamais). Oui, je suis contente qu'il soit ici, qu'il revienne à la maison tous les soirs. S'il devait partir? Oui, j'aurais peur, j'aurais la "chienne" quand le téléphone sonnerait à la maison de peur que ce soit le Padré pour m'annoncer de mauvaises nouvelles ou simplement de le voir arriver dans le cadre de porte. Oui, je serais triste qu'il soit là-bas, que je ne sois pas au courant de tout ce qui se passe, que je sache qu'ils se font attaquer sur le camp... Mais c'est SA vie, SA job. C'est ça l'armée.


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1 commentaires:

    Anonyme a dit...

    Ton approche est vraie et il est important de savoir que les militaires canadienes ne sont pas très nombreux. Peu importe les guerres de closers entre les unités, quand un membre tombe en mission, les
    autres sont touchés aussi.
    Ici, au Canada, nous sommes des curiosités pour bien des gens. Les soldats sont vus comme de gentils garçons avec de jolies bérêts
    bleus. Nous donnons des stylos et de l'eau. Toutefois, allumons...
    Nous sommes des soldats en premier. Les gars de la Bosnie, du Timor et autres missions se sont fait tirer dessus comme des poulets.
    Pourquoi : pour être vu comme les gentils de l'histoire... Demande aux Serbes et aux Bosniaques la différence entre le béret vert et le bleu... Ils ont compris le msg assez vite...

  1. ... on 23 août 2007 à 10 h 51  




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